Partenariat de Biarritz : de réelles avancées pour l’égalité ?

Le conseil consultatif pour l’égalité entre les femmes et les hommes s’est réuni en août 2019 à l’occasion de la réunion du G7 à Biarritz. Cette année encore, le conseil s’est interrogé sur la façon de passer des recommandations aux actions en matière d’égalité. Les différentes contributions des membres du conseil consultatif sont résumées dans les Recommandations pour le Partenariat de Biarritz.

 

Quel est le contenu du Partenariat ?

Ce document constitue le cadre de recommandations politiques à destination des dirigeants, visant à faire de l’inégalité entre les femmes et les hommes « une histoire du passé ».

Parce que cette question nécessite de mobiliser l’ensemble du monde, le G7 a réalisé un appel à l’action et formulé un ensemble de principes législatifs et de politiques incitatives en faveur de l’égalité Femmes-Hommes.

Les membres du conseil considèrent qu’indépendamment des traditions juridiques, la loi est un instrument puissant de changement des mentalités et des usages, à condition qu’elle soit exhaustive, financée et réellement mise en œuvre grâce à des dispositifs incitatifs et des sanctions.

Rappelons que plus de 2,5 milliards de femmes dans le monde sont affectées par des lois discriminatoires ou par une absence de protection juridique.

 

Quelles sont les mesures phares préconisées par le conseil consultatif ?

  1. Identifier et abolir les lois discriminatoires
  2. Adopter un cadre législatif progressiste
  3. Garantir le financement effectif et nécessaire à la mise en œuvre de ces lois
  4. Evaluer et mesurer les avancées en matière d’égalité

Ces recommandations sont considérées comme indispensables à la promotion du droit des femmes. Raison pour laquelle le conseil exhorte les membres du G7 à définir un cadre de redevabilité assorti d’indicateurs de suivi et d’évaluation clairs, permettant de suivre les résultats et de mesurer les évolutions en matière de lutte contre l’inégalité.

La diffusion, l’appropriation, puis la mise en œuvre d’une loi en faveur de l’égalité dépend toutefois d’un environnement propice et d’une prise en compte des causes des inégalités qui relèvent de la volonté politique des dirigeants.

 

Commencer par lutter contre les violences sexistes et sexuelles

Cette violence à l’égard des femmes trouve sa source dans les relations de pouvoir historiquement inégales entre les femmes et les hommes.

Cette vision archaïque de la femme dans le monde se traduit par de nombreuses formes de violences : la violence physique, sexuelle, psychologique, économique, sociale, culturelle ou encore politique.

La première phase consiste à assurer la participation effective des femmes à la vie politique, économique et sociale. Ce qui permettra par ailleurs de lutter contre les stéréotypes sexistes et les normes sociales discriminatoires (ces comportements quotidiens qui renforcent le pouvoir des hommes sur les femmes).

 

Comment favoriser l’égalité économique des femmes ? 

Malgré les nombreux progrès réalisés en matière d’accès à l’emploi et à l’autonomie économique des femmes, l’écart salarial entre les femmes et les hommes demeure en moyenne de 20% (selon le rapport rendu par l’ONU Femme en 2018) alors même que l’égalité économique contribuerait à augmenter le PNB mondial de 28 milliards d’euros d’ici 2025.

Les éléments clés pour favoriser l’autonomisation des femmes sont directement liés au développement de l’employabilité grâce à la formation, à l’articulation entre la vie professionnelle et personnelle, à la gestion du temps (on pense à la déconstruction des stéréotypes liés au genre), ou encore à la mixité des emplois en termes de secteurs et de postes.

Le conseil consultatif préconise une nouvelle fois d’utiliser l’outil législatif, qui, s’il est mis en œuvre au moyen de politiques publiques visant à éliminer les obstacles structurels et les préjugés sexistes, peuvent être de puissants vecteurs de changement en faveur de l’autonomisation économique des femmes.

 

Comment réduire les écarts en matière de taux d’emploi ?

  1. Reconnaître, valoriser et mieux répartir le travail domestique et les soins non rémunérés
  2. Encourager ou rendre obligatoire le congé parental rémunéré pour les pères
  3. Cultiver le leadership féminin grâce à une représentation accrue des femmes aux postes à responsabilités et aux plus hautes fonctions du secteur public comme du secteur privé (quotas)
  4. Permettre aux femmes de travailler dans les mêmes secteurs, emplois et fonctions que les hommes, que ces emplois soient valorisants, jugés dangereux ou pénibles et d’accomplir les mêmes tâches au travail que les hommes
  5. Mettre en place des incitations financières pour encourager les femmes à continuer les études ou à participer à des programmes d’emplois ou de développement des compétences

 

Les femmes face à la vie publique : du désamour à la marche forcée

Le domaine dans lequel les progrès en matière d’égalité demeurent les plus lents reste celui de la participation des femmes à la prise de décision politique et à leur représentation dans la vie publique. Les femmes représentent 6,6% des chefs d’Etat, 5,2% des chefs de gouvernement et 24,3% des parlementaires (selon une étude d’IPU/ONU Femmes datant de 2019).

Si le programme d’action de Pékin adopté en 1995 engageait les gouvernements à renforcer la participation égale des femmes à la prise de décision et à leur assurer l’accès aux processus décisionnels, nous constatons aujourd’hui que ces inégalités restent enracinées dans la discrimination.

Cela a été rappelé à plusieurs reprises, le cadre juridique sera le plus à même de promouvoir, de faire appliquer et de contrôler l’égalité de genre.

Le conseil consultatif pour l’égalité entre les femmes et les hommes s’interroge également sur la façon de prendre la parité en compte dans le cadre du processus budgétaire. Si les entreprises sont incitées, voire parfois obligées de l’intégrer, les États ne font clairement pas figure de modèles en la matière.

« La budgétisation sensible au genre est un outil qui aide les gouvernements et les fonctionnaires à collecter et analyser les données en support aux politiques, plans et budgets afin d’évaluer comment ils répondent aux écarts entre les sexes ».

Parce que les orientations et recommandations diverses sont beaucoup plus importantes que les réelles actions, les associations, réseaux professionnels et organisations du secteur privé comme public s’unissent afin de proposer des engagements quantifiés. Seul un lobbying généralisé permettra de créer un environnement favorable nécessaire à la mise en œuvre de mesures efficaces pour atteindre l’égalité.

 

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